Hommage à la baronne Thatcher

Alexandre ne peut sans doute pas s’en charger, alors je le fais moi-même.

C’est avec tristesse que j’ai appris aujourd’hui le décès de Margaret Thatcher, à l’âge de 87 ans.

L’une des plus illustres femmes du XXème siècle, avec Winston Churchill, le général de Gaulle, Nelson Mandela, Ronald Reagan, et Franklin Roosevelt.

C’est l’histoire d’une femme, qui a su s’élever contre ses propres différences pour s’imposer dans un parti machiste et ultraconservateur. Libérale, mais aussi progressiste, elle restera à tout jamais comme l’égérie du thatchérisme, ainsi que de la fin du déclin tant annoncé du Royaume-Uni. Silence à présent.

La Dame de Fer.

Pensées et condoléances à sa famille.

 

[Hippolyte] Tribune de soutient au mariage et à l’adoption pour tous

Fichtre. Dans un débat qui ne cesse d’enflammer les passions, du côté des conservateurs comme des soutiens, il me semblait désormais infamant de rester silencieux alors que toute la blogosphère se saisit de la question. Je ne vais pas m’appesantir plus longtemps en verbiage, je suis un soutient à la réforme (oui, sur un blogue de droite, cela existe). J’ai pour sentiment que cette question dépasse les clivages habituels même si elle y reste très liée de manière générale. On le sait, on le dit, on l’observe depuis quelques mois, cette question passionne les français chaque jour, ouvrant leur page Google dès le moindre rebondissement de cette affaire. Certains gueulent, d’autres applaudissent, d’autres s’en fichent. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a de réelles incohérences à s’opposer à cette réforme. Petite explication.

1°) Les religieux se plaisent tout particulièrement à associer l’ouverture du mariage aux couples gays, aux dérives de la polygamie, polyandrie (pour les musulmans, c’est d’ailleurs assez cocasse de noter l’emploi de ce mot), zoophilie, et pour les idiots du village, de la pédophilie. Je ne me ferai pas un sacerdoce de les raisonner, j’ai perdu ma fougue passée avec le temps, mais j’aimerais souligner la pure et simple diffamation, ainsi que l’amalgame douteux entre l’inacceptable et l’acceptable. Voyez-vous, l’homosexualité n’est pas une pratique, c’est une sexualité, comme l’hétérosexualité, la bisexualité ou la pansexualité. Si vous savez tous lire, vous retrouverez la même racine. Si vous savez tous lire, là encore, cette racine n’est pas présente dans les autres mots, et pour cause, il n’y aucune corrélation logique entre deux hommes/deux femmes qui s’aiment, et un homme qui a plusieurs femmes, une femme qui a plusieurs hommes, un homme-femme qui aime un chien et un(e) pervers(e) qui se tape des enfants. Dans le dernier cas, l’agissement est par pulsion, dans l’avant-dernier, il faut être réellement pervers pour apprécier… Je ne vais pas tous les décomposer, mais là où il y a exactement la même chose dans l’hétérosexualité et l’homosexualité, on nous ressort ces vieux argumentum ad hominem, pour dénoncer à demi-mots la perversité des gays car on n’assume pas son homophobie. Je ne me permettrais pas d’affirmer que tous les opposants à cette réforme sociétale sont homophobes, mais je me permets d’affirmer que beaucoup le sont, et ne le taisent que par les dérives accordées lors du vote du P.A.C.S (c’était les mêmes dans la rue, soit dit en passant) et car leur leader, charismatique déjantée du nom de Frigide Barjot, parvient à conserver la tête du troupeau.

2) Mais voilà… il y a un hic. Quand on associe Hollande à Hitler en trente secondes (point Godwin aussi rapide que la signature d’un P.A.C.S au greffe du tribunal), on peut se poser des questions sur la logique employée. On est tous différents, on est tous unique, mais il faut bien s’accommoder des particularités de chacun. Marre de se considérer chaque jour insulté dès que l’on ouvre le journal, et les premiers à souffrir sont les homosexuel-les humiliés chaque jour un peu plus, pris dans l’étreinte d’un débat autant que les enfants (on y reviendra, sur les enfants). On peut ne pas se vouloir homophobe, je respecte, mais la portée des propos que l’on peut avoir se répercute avec bien trop de gravité sur les principaux concernés. À entendre chaque jour qu’on n’est pas normal, on finit par saturer, et cela devient presque du harcèlement moral banalisé. #SiMonFilsEtaitGay est également dans mon viseur. La remontée des extrêmes par des débats pareils est nocive, blessante, en étant également injuste. Plus injuste encore, que ceux qui manifestent dans les rues seront ceux qui jugeront les enfants adoptés par des homosexuels, qu’ils veulent prétendre défendre (si ce n’est pas les opposants, qui peut bien se moquer d’une telle situation ?). C’est tellement hypocrite. C’en est ridicule. Une remise en question de certaines personnes seraient sans doute utile, surtout quand elles ne connaissent rien aux raisons pour lesquelles elles manifestent. Cela devient encore plus nauséabond, on agit par panurgisme dans le milieu.

3) Les enfants. Ah les sacro-saints enfants, sur lesquelles une auréole n’a de cesse de pousser depuis le début du débat. On peut lire dans les slogans répétitifs des opposants au mariage gay, ceci : “Tous nés d’un père et d’une mère“. Ce à quoi, mon visage a répliqué ceci.

Oui, cette tête-là.

À quel moment, les partisans de cette réforme sociétale ont-ils remis en cause de le moyen de fécondation pour la naissance d’un rejeton ? Jamais. Et que l’on ne me parle pas de P.M.A, puisque dans les faits, celle-ci ne sera présentée que bien plus tard. Pas de chance, il faudra organiser d’autres manifestations, mais en attendant, ce genre de propos n’a pas lieu d’être. De même que la translation du débat aux écoles, qui, envers et contre tout ce qu’a pu dire le secrétaire de l’enseignement catholique, a bien été organisé avec des élèves de troisième des discussions à ce sujet. J’en suis le premier témoin, autant que les nombreux articles que l’on peut lire. On rajoute à l’hypocrisie, la mauvaise foi. Je crois bel et bien que ce débat m’ulcère. Marre d’entendre des moutons radoter les mêmes poncifs que leurs maîtres à pensées, marre de la passivité des partisans, marre de la subjectivité des opposants. Des gens sincères dans leurs idéaux, il n’y en a pas beaucoup. Plus encore dans un débat comme celui-ci, quand on voit la droite conservatrice brandir les vieux torchons de décadence de l’humanité, menace de l’équilibre de l’humanité. En fait, il y a déjà 40 000 enfants adoptés par des familles homoparentales en France. Les “contres“ arguent… je ne sais pas quoi en fait, car je ne comprends les arguments qui sont dits là-dessus par leur côté disparate et belliqueux. Eh bien, admettons. Si un témoignage, ne serait-ce qu’un, énoncé directement par un concerné avait l’outrecuidance d’expliquer son parcours, ce pourquoi il a eu des doutes, ce pourquoi il vit très bien, on entend les râleurs pousser leurs cris d’Orfraie, dénonçant avec fermeté la dangereuse manipulation intellectuelle des lobby pro-homosexualité. De l’autre côté, il suffit qu’un article, un seul, parmi la salve de positifs énonce le négatif d’avoir été élevé par deux pères, et deux mères, c’est la société toute entière qui pouffe un scandale, des « Ah je l’avais bien dit ». Argumentum ad nauseam (pour appuyer mes dires, voir la congélation d’un bébé en Afrique du Sud par un couple de lesbienne, ou tout simplement quelques sites d’actualités, tout de même moins violent). C’est particulièrement édifiant cette manière de pensée. Oui, des enfants le vivront mal, comme certains vivent mal d’être gros, d’être noir, d’être roux, toutes ces choses insignifiantes qui constituent l’endurcissement de la vie d’un jeune. Cela ne fera qu’une raison de plus, pour autant, n’est-ce pas le meilleur moyen de s’affirmer, pour qu’au bout du compte, cela entre dans les mœurs ? Je crois que si. Je crois également qu’une réforme n’est jamais sans risque, et je mettrais cela en corrélation avec le divorce. Je me montre persuadé que c’est en brusquant parfois l’évolution que l’on obtient des résultat. Devrions-nous dire à ces enfants que s’ils perdent leur parent, l’autre personne qui les a élevée ne pourrait plus les voir, simplement car on lui a refusé le droit d’exercer une autorité ? C’est tellement mesquin de parler de sécurité de l’enfant quand ceux-ci sont marginalisés à cause d’une administration désuète. Alors, à part la peur de la différence, quoi rétorquer ?

Je pense qu’il est grand temps de penser autrement. Ceux qui ne se sentent pas concernés par mon article, mais qui sont tout de même contre, je vous invite à réagir par les commentaires sur l’homoparentalité, car il y a des positions que je ne comprends pas. Pour conclure, je dirai simplement au gouvernement de ne pas reculer. Les gens, ça gueulent beaucoup, mais dans cinq ans, cela oublie tout. Le P.A.C.S en est l’illustration complète. De “Pédé aux bûchers“ à fervent soutient, l’antithèse se poursuit comme aujourd’hui, et cela continuera demain, peu en importe le coup porté à la crédibilité.

Hippolyte.

PS : Mais quel sauvage ! J’oubliais de vous souhaiter avec retard une excellente année 2013.

PETIT RAJOUT : http://24heuresactu.com/2013/01/23/homoparentalite-letude-statistique-censuree-en-france/ J’ai enfin localisé le repère des extrémistes homophobes, dépourvus de tout savoir et de toute objectivité. Puis-je avoir mon gâteau au chocolat ? Cette étude tronquée, et fausse (je vous invite à lire les commentaires du bas, une bonne analyse en sera faite) démontre encore une fois l’hypocrisie latente des opposants, et le conservatisme réactionnaire dans lequel ils s’enferment. Heureusement, et je l’espère, pas tous, car l’amalgame entre pédophile et homosexuel me les brise légèrement et en vient jusqu’à me blesser dans ma dignité.

[Hippolyte] Comment la gauche fonce dans un mur

C’est mon premier article sur ce blog, j’espère que vous m’accorderez donc la grâce du débutant.

Tant de promesses, tant de paroles, que de belles paroles. Mais où sont les actes aujourd’hui, vers où se dirige-t-on ?

1) Introduction.

Depuis le début de la crise économique, tous les pays d’Europe se serrent la ceinture. On le voit en Italie (même si le vice politique semble désormais vouloir faire plier la vertu), en Allemagne (où personne ne semble pouvoir faire chuter Mme. MERKEL), en Grèce (je crois que seul le lien peut suffire à exprimer la situation dans laquelle le pays se trouve), dans toute l’Europe… Sauf, en France. Alors que les mauvaises nouvelles se succèdent pour le pouvoir socialiste, je n’ai jamais vu un tel concours d’hypocrisie de la part de ses représentants. L’on pouvait imaginer que la sévère correction infligée par les sondages suffiraient à faire réagir MM. HOLLANDE et AYRAULT (palpant le palier des trente pourcents), or rien ne semble pouvoir changer cette naïveté impénitente de leur part. Il y a, selon moi, deux sortes d’impopularité. L’impopularité due aux réformes impopulaires, et l’impopularité méritée par incompétence. Dans le cas du gouvernement actuel, il s’agit clairement du second. Ainsi, l’on doute même de la bonne volonté apparente défendue par Mme. VALLAUD-BELKACEM lors de son point presse hebdomadaire après le conseil des ministres. Lors de l’élection du nouveau Président français, un article très intéressant que je vous retrouverais à l’occasion, titrait “HOLLANDE, le nouveau porte-parole des pays méditerranéens.“. Plusieurs facteurs constatent donc d’eux-mêmes l’échec qui se profilent, tandis que chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus des pays du sud au détriment des pays du nord.

2) Les faits, s’il vous plaît.

Désormais, je m’interroge. Où est la compétence et le sérieux dans un gouvernement qui prend des mesures inconsidérées, plus motivées par l’anti-sarkozysme primate que par des raisons objectives et rationnelles. Je ne me suis guère étonné de voir la réforme des retraites reconsidérée, lorsque pour plaire à quelques groupes de populace, M. HOLLANDE feint d’agir dans l’intérêt des plus pauvres. Où se trouve l’intérêt des plus pauvres, comment prétend-il les défendre avec des beaux discours et des belles paroles ? Ce qui diffère de lui par rapport aux dirigeants que l’on eût précédemment, ce sont la qualité des gestes qu’il paraphe. Son premier semestre de quinquennat, je ne le vois que dans une bataille idéologique pour satisfaire ses électeurs, sans considérer avec sérieux l’état de la France. Je ne suis pas forcément pro-SARKOZY, mais je ne suis pas non plus anti-SARKOZY au point de revenir sur tout ce qu’il a fait. Revoir la réforme des retraites, avec de l’argent que l’on n’a pas, pour se faire débouter quelques mois plus tard par le COF (cliquer ici), c’est assez ridicule. Cela dit, on n’atteint pas encore les utopies prises par le parti socialiste. Véritable inconscience, suicide politique, ou tout simplement impuissance, force est de constater que les réformes entreprises sont en-deçà des réalités. Je pourrais encore m’y appesantir longuement, mais je vais me contenter de les citer. Les faits impliquent des conséquences, c’est un raisonnement simpliste qui conduit à comprendre pourquoi nous n’allons pas vers le mieux. M. AYRAULT et ses ministres dépensent de l’argent qui n’existent pas, que l’on emprunte sur les marchés financiers et qui n’est pas utilisé à bon escient. Ils croient à l’assistanat, je crois au mérite. Il n’y a pourtant pas de mérite à baisser de six centimes le prix de l’essence pour des milliers d’euros, il n’y a pas non plus de mérite à augmenter de vingt-cinq pourcents les aides scolaires, comme il n’y a pas de mérite à provoquer l’asphyxie des riches, comme ils disent si péjorativement. Les impôts sont augmentés, les charges sont alourdies, le coût du travail ne cesse d’augmenter, et le pire, ce qui m’offusque dans cette vision, c’est que la raison n’est pas commune, mais idéologique.

L’on assiste impuissant à l’implosion du pays dans des dépenses inutiles, et des sanctions qui ne cessent de tomber d’une part des agences de notation (certes, c’est un argument facile), d’autre part de l’INSEE et d’à peu près tous les organismes mondiaux. L’Allemagne elle-même se permet une ingérence dans nos affaires tellement l’inaction va dépasser le point de non-retour (sans parler de l’article de The Economist, pratiquement insultant mais assez dans le vrai (même si je dis que les britanniques devraient philosopher sur leurs propres problèmes avant de venir régler ceux des autres)).

3) Les solutions. 

Sans me rajouter aux harpies conservatrices affilées aux Tea Party qui se suffisent toute seule pour critiquer les trente-cinq heures, je rappellerai simplement l’état moribond dans lequel se trouve notre industrie. Les plans sociaux se succèdent, et on assiste aux amusantes ritournelles entre Arnaud MONTEBOURG et les différents patrons auxquels ils se confrontent. Derrière ce spectacle affligeant se cache toutefois un réel problème qui ne peut se régler avec des cris d’Orphée. Les charges patronales et le coût du travail, dans notre pays, sont beaucoup trop élevés. L’asphyxie induite à ces nombreux problèmes augmentent fatalement les chances de délocalisation, et personne ne doit s’étonner du départ des grandes usines vers l’est de l’Europe. Les prix y sont beaucoup plus avantageux, les charges moins nombreuses, et le besoin de main d’œuvre important. Tout répond aux exigences d’un patron qui ne cherche qu’à faire développer son entreprise au même temps que les PME se sabordent à cause des taxes. Il est impératif de s’engager à la baisse du coût du travail, mais aussi à autonomiser bien plus les sociétés, les ouvrir à une concurrence plus facile, se libéraliser afin de récupérer de l’argent ainsi que de développer une économie forte, tout en y gardant un peu d’influence.

D’autres problèmes sont également à pointer du doigt. L’assistanat. Nous sommes dans un pays qui ne récompense en rien l’effort, mais plutôt qui motive à l’intérêt personnel. Cela dit, les représentants sont issus du peuple, cela n’est pas spécifiquement étonnant que les intérêts personnels soient privilégiés. Mieux responsabiliser les gens, c’est les rendre plus citoyens, plus intéressés par l’intérêt commun ainsi qu’au développement économique au niveau national. Il faut intéresser les gens, leur laisser la possibilité de faire ce qu’ils ont envie, mais sanctionner les partisans du moindre-effort ; ceux qui se complaisent à rester à Pôle Emploi ou qui ne se prennent pas en main. Je suis partisan d’un système économiquement responsable. Il n’y a aucune raison d’aider ceux qui n’en ont pas besoin, bien sûr qu’il faut aider les plus pauvres, mais pour les autres, il n’y a aucune raison. On peut choisir de prendre son destin en main, ou de le laisser partir. Mais dans les deux cas, l’état ne doit pas avoir à payer les pots cassés. La générosité de nos allocations, de notre système de santé doit se fermer à ceux qui ne font rien pour la réussite commune.
L’égoïsme, par ces temps perturbés, c’est la gangrène, surtout que les français ont les moyens de réagir. Dans ce que l’on appelle les bas-de-laine, il y a suffisamment pour régler la dette et relancer la machine. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le plafond du livret A ne cesse d’augmenter. Au lieu d’investir, les français épargnent. On peut comprendre la raison purement personnelle, tout comme la longue agonie de ce qui nous reste. Il y a juste le pessimisme malsain qui empêche d’avancer. Pour tout dire, on en revient un peu à ce que disait Alexandre dans son article sur le libéralisme au pouvoir (ci-dessous). Le glas ne tardera pas à sonner où il faudra prendre conscience de la réalité, surtout du côté du gouvernement, qui devra alors arrêter les ballons d’essais, et s’interroger le plus sérieusement du monde sur les solutions, quitte à remettre des acquis en jeux, quitte à faire l’union avec la droite. Dans les temps les plus compliqués qui favorisent la montée des extrêmes, l’union nationale peut être une solution. Renoncer à l’ouverture, c’est s’enfermer dans un sectarisme démagogue. S’ouvrir, c’est avancer. Malheureusement, il faut la carrure nécessaire pour prendre des décisions, et c’est cela qui manque à nos dirigeants.

MM. AYRAULT et HOLLANDE, réagissez.

Capitaine Hippolyte.
(Mais qui s’appelle Sacha en réalité).

En bref – le plus froid de tous les monstres froids

Je vous recommande la lecture de ce témoignage poignant publié par Atlantico. Il s’agit de l’histoire d’une vieille femme mourante et de son mari, ancien médecin, qui illustre de façon touchante et révoltante toutes les dérives et toute l’inhumanité du système de santé français, qui ne sait se montrer efficace ni du point de vue financier, ni du point de vue humain.

Quand on sait que la France est vice-championne du monde des dépenses de santé par habitant, il y a de quoi s’interroger.

Une machine étatique, bureaucratique et politique a voulu bâtir, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, une Santé Publique toujours plus égalitaire, toujours plus large, toujours plus républicaine, toujours plus normalisée…jusqu’à construire aujourd’hui « le plus froid de tous les monstres froids« , pour paraphraser Nietzsche.

L’avalanche de commissions, l’avalanche de normes et de bonnes pratiques, censées améliorer en continuité la qualité des soins et de l’accueil, n’a fait que déshumaniser sans cesse un système, le dépersonnaliser, tout en le ruinant financièrement. Ce système a perdu depuis longtemps de vue ce qui devrait être son principe de base, et je ne parle même pas des principes d’Hippocrate … mais simplement du bon sens, de la civilité, de l’empathie.

Le libéralisme au pouvoir ?

Le libéralisme porte en lui la plupart des solutions aux difficultés actuelles du pays. On le sait, on le dit, on en débat… Mais pour appliquer ces idées, il faut arriver au pouvoir. Prenons-nous quelques instants à rêver… Quels sont les scénarios envisageables ?

Le scénario Margaret Thatcher

Une personnalité iconoclaste et aux idées libérales profondes et sincères impose sa différence au sein du principal parti de droite (ouais, l’UMP), et change totalement la doctrine de son parti. Le Parti Conservateur avant Thatcher était devenu, à l’image de l’UMP, un parti social-démocrate mou et complaisant, incapable de heurter les sensibilités syndicales ou de renouveler sa pensée économique. Au début, personne n’imaginait que Thatcher pourrait s’y imposer. Et pourtant, elle l’a fait, en ramenant tout le parti vers un discours authentiquement libéral. Même si les libéraux n’aiment généralement pas les hommes et femmes providentiels, une telle révolution implique de trouver un leader suffisamment charismatique, déterminé, et intransigeant, capable de rassembler autour de lui.

Probabilité ? Actuellement très faible. J’ai beau chercher des personnalités libérales de carrure présidentielle à l’UMP, je n’en trouve pas. Personne n’a cette force, cette légitimité, et cette force de conviction qui sont nécessaires. C’est une impasse. Les grands partis français sont tellement pétris de piston et de copinage que pour y grimper, il faut soit abandonner ses convictions pour adopter la bouillie officielle, soit être très fortement pistonné. Pas le meilleur moyen de faire émerger une personnalité nouvelle et capable de transformer le parti. Parmi les militants de l’UMP de base, beaucoup sont sensibles aux idées libérales, ou pourraient facilement s’y convertir si les idées libérales étaient un peu mieux connues et diffusées au sein de la société. Mais les dirigeants du parti y sont hermétiques, et la plupart des militants suivent par panurgisme.

Le scénario Ron Paul

A défaut d’infiltrer le parti de la droite majoritaire, une autre solution consiste à garder son indépendance, de former un parti ou un courant fort dont le but serait de doubler l’UMP. Ce parti, qui pourrait être le PLD, devrait faire parler de lui, faire une promotion incessante des idées libérales, abattre l’épaisse muraille de mensonges qui l’entoure, et progressivement gagner en gallon au sein de l’opinion, par des idées simples, concrètes, qui répondent aux inquiétudes des électeurs. Rien n’empêche de participer ensuite à une éventuelle primaire de toute la droite, à l’image de Ron Paul aux primaires GOP. Le but est de devenir calife à la place du calife, et de dépasser la droite traditionnelle.

Probabilité ? Faible. Les partis, think-tanks et associations libérales peinent encore à s’imposer, notamment du fait d’un certain individualisme ancré chez les sympathisants libéraux français. Il est grand temps que toutes ces initiatives louables fassent ENFIN l’effort de se rassembler dans un unique grand mouvement, un parti qui représenterait les différentes sensibilités libérales sans les écraser (libéraux-conservateurs, libéraux centristes, libéraux de gauche, libertariens, voire droite humaniste et moderne), en mettant l’accent sur ce qui rassemble tous ces militants de la liberté. Les think-tanks auraient un rôle à jouer pour constituer un projet libéral fort, avec de nombreuses propositions pédagogiques dont on aura pris le soin de démontrer l’efficacité lorsqu’elles ont été appliquées dans d’autres pays. Les associations seraient le bras armé de l’ensemble, et se concerteraient un peu mieux, uniraient leur force plutôt que de se parasiter ou se marcher sur les pieds. L’Union des Libéraux, que j’ai vue naître, mais que je n’ai malheureusement pas eu le temps de suivre de près depuis, va dans le bon sens. Arrêtons de nous éparpiller, et rassemblons les libéraux existants, histoire d’en convaincre d’autres plus efficacement.

Le scénario Mario Monti

On ne discutera pas ici du degré de libéralisme de Mario Monti (toujours largement plus satisfaisant que celui de toute la classe politique française ensemble), mais plutôt de la manière dont il s’est imposé dans la politique italienne. La France déteste le changement, même si elle le réclame sans arrêt. Dans l’histoire, chaque changement de régime a accompagné une crise violente ou le chaos (Révolutions, défaites militaires en 1870 et 1940, guerre d’Algérie…). Autant les Britanniques savent évoluer avec l’histoire sans trop d’à-coups, autant les Français ne réagissent qu’au dernier moment. Pour que la France accepte le remède libérale, il faut soit, comme le prédisait Hayek, « que le monde entier soit converti«  , soit qu’on ait fini de foncer dans le mur, qu’on se soit écrasé dedans, et qu’on y soit encastré à la manière d’une compression de César. A ce moment là, même plus dos au mur ou au bord du ravin, mais carrément dans le mur et en chute libre, les Français comprendront peut-être, ou on leur imposera de l’extérieur, qu’il convient de tout changer dans notre manière de voir le monde et notre économie. Ce jour-là, dégoûtés par l’incompétence manifeste des politocards (énarques, rentiers de la politique, personnes dénuées de tout contact avec la réalité de la société), les Français se retourneraient, enfin, vers la société civile et les forces vives de la nation (entrepreneurs, professions libérales, salariés, artisans, classes moyennes et même ouvriers) qui ont supporté depuis des dizaines d’années le poids délirant de la fonction publique et du « modèle français » . N’étant pas des politiciens de carrière, ne dépendant pas de leur réélection pour gagner leur vie, ces membres de la société civile pourraient enfin réformer le pays, et le remettre sur de meilleurs rails.

Probabilité ? Forte. Actuellement, aucune mesure n’est prise pour éviter le désastre qui s’annonce. Aucun politicien ne semble à la hauteur, ni à droite ni à gauche, ni au centre, pour éviter le naufrage. A moyen ou long terme, la situation sera totalement détériorée, et la France sera la risée de toute l’Europe qui aura pris le temps de se réformer, même marginalement. Ce jour-là, l’échec du socialisme et de la sociale-démocratie éclatera définitivement (?) au grand jour. Il sera temps de réparer les dégâts. Une fois de plus, le sale boulot est pour les libéraux.

La droite la plus nulle du monde…

Plus je suis le combat des chefs à l’UMP, et l’affrontement (hélas plus discret, mais pourtant plus vital à long terme) des motions, plus je suis renforcé dans mon impression que nous subissons en France la droite la plus bête du monde.

D’après un sondage, certes contestable mais que nous considèrerons comme suffisamment fiable pour être commenté, la motion de la « Droite Forte« , grosse mixture infâme d’idées nébuleuses ayant pour seul vecteur commun et comme unique argument sa filiation inconditionnelle à Sarkozy, arriverait en tête chez les sympathisants à UMP (et il y a fort à parier que ce soit d’autant plus vrai parmi les adhérents UMP).

Ici, afin de remplir les critères de qualité de tout blog ou pureplayer qui se respecte (à défaut de respecter ses lecteurs), il me faut vous rappeler que Guillaume Peltier est passé par le FN, et qu’il s’agit donc de toute évidence d’un monstre sans coeur qui mange encore plus d’enfants rôtis qu’un ultralibéral, au mépris de son mauvais cholestérol. Placez ici les huées et les sifflets. Je ne sais pas si les journalistes doivent absolument placer certains clichés ou mots-clés dans tous leurs articles pour faire gagner des points à leur rédaction dans la course joyeuse de la presse vers la nullité, mais le passé de Peltier est systématiquement rappelé avec une rigueur et un sérieux que l’on souhaiterait voire appliqués à d’autres sujets.

Certains, affolés par toute référence sauvage au FN, chouette épouvantail de la vie politique française, en viennent même à me confier que si Peltier domine l’UMP, les militants porteront bientôt des chemises brunes. Rien que ça. Je pense même que Peltier se laissera pousser une jolie moustache, que les UMPistes défileront au pas de l’oie (les Français marchent déjà au trop de lois), et organiseront des marches au flambeau, paradant sous des oriflammes aux couleurs inspirées par le Guide, qui rappelleront les heures les plus sombres de notre histoire, Maréchal nous voilà.

Je ne peux pas blairer Peltier. Ce n’est rien d’autre qu’un carriériste démagogique, opportuniste, et insipide jusqu’à l’extravagance. Maintenant, j’aimerais bien qu’on l’attaque sur autre chose que son passé ou sur sa personne : il y a suffisamment de quoi faire si on s’attarde sur ses idées ou son absence d’idées. Mais un passage à l’extrême-droite vous marque au fer rouge, et vous tricote sur le blouson une petite étoile FN pour qu’on puisse vous identifier de loin et se boucher le nez. Osez parler de Novelli ou Madelin : on vous parlera de leurs conneries de jeunesse. Et c’est sans parler de Fini en Italie… Pas de rachat possible. Paradoxalement, le passage chez les trotskistes et autres maoïstes de certains responsables socialistes ne semble pas avoir pesé sur leur carrière. Oui, mais ils sont de gauche, alors c’est tellement mieux, ça part d’un bon sentiment, c’est bisou-compatible.

Bref, revenons-en à nos moutons et à nos motions. En tête, une soupe insipide. Dommage que Camille Bedin, dont certaines interventions me semblaient pertinentes et modernes, soit allée se perdre dans les méandres de la « Droite forte ». Même si la domination de cette dernière risque de s’étioler au cours de la campagne, lorsque les militants prendront conscience du fait que cette motion surfe uniquement sur la référence à Sarkozy, on ne peut que constater la faiblesse des autres motions.

La droite moderne et humaniste rassemble des centristes, des humanistes, et quelques libéraux égarés. Dommage que les quelques libéraux sincères de l’UMP soient mêlés à des personnalités aussi molles que Raffarin… Du reste, il n’est pas impossible de trouver quelques libéraux à la Droite sociale, dans la mesure où Wauquiez, entre deux refrains séniles sur le protectionnisme, se pose en défenseur des classes moyennes contre l’assistanat, ainsi que d’autres brebis égarées à la Droite Populaire populiste. Bref, vous avez compris : les quelques libéraux sont partout et surtout nulle part.

Ce Congrès est bien parti pour confirmer ce que nous présumions déjà : les libéraux de l’UMP sont totalement incapables, infoutus de se rassembler, de se concerter, et de rester soudés pour peser, au-delà de leurs quelques divergences (les uns teintant leur libéralisme de conservatisme, les autres d’humanisme). Conclusion ? Les libéraux continueront de compter pour du beurre, voire de la margarine, puisqu’ils seront perdants dans tous les scénarios. Félicitations, messieurs !

Un petit mot quand même sur le combat des chefs… Très drôle de voir comment Copé s’est arrangé pour fabriquer un duel, en écartant systématiquement les autres potentiels candidats par des règles et des complications paperassières dignes du Kremlin. Mais encore plus drôle de voir que l’UMP est devenue tellement anti-libérale que le terme de « libéral » y est devenu une insulte, qu’on utilise pour blâmer son adversaire… C’est ainsi avec une certaine circonspection que j’ai entendu Estrosi qualifier Copé et ses proches de « libéraux anti-gaullistes » et les copéistes répliquer en disant que non, non, c’est Fillon le plus libéral, et pi c’est tout.

Quand le fait d’être soi-disant libéral devient une tare, un reproche, un défaut, au sein même du principal parti de droite, on a toutes les raisons de s’inquiéter. Ajoutons à ce constat le fait qu’évidemment, ni Fillon ni Copé n’est libéral. Pas pour deux sous. Nous avons la droite la plus nulle du monde.

Si Fillon semble bien parti, et plus populaire dans l’ensemble de la population, il ne faut pas négliger la forte fidélité au chef qui continue à exister parmi les militants UMP. Du reste, s’ils choisissent de désigner Copé comme leur leader, ils commettraient un suicide politique de l’ampleur de la désignation d’Eva Joly face à Nicolas Hulot… Le choix du repli sur soi, la préférence accordée au clan, le refus de l’ouverture. Tiens, ça ressemble aussi sacrément à la doctrine économique de l’UMP.

Le plus drôle du plus drôle serait que la Droite forte, aux relents fortement copéistes, soit majoritaire, et que Fillon devienne président. Savourez la contradiction.

Fillon ou Copé, Droite forte, molle ou populaire, les libéraux sont inaudibles, et la droite est nulle. Et on attend toujours la Thatcher française.

Une question de choix

Isabelle Resplendino rappelle une question oubliée par cette présidentielle : l’autisme, et la scolarisation des enfants handicapés. C’est un sujet à propos duquel Nicolas Sarkozy ne semble pas avoir démérité, au point de convaincre des parents de gauche de voter pour lui.

Une fois n’est pas coutume, il s’agit davantage d’une question de bonne volonté que de moyens, contrairement à ce qu’on entend couramment. Ou du moins, il s’agit d’une question de priorités. Cet article en 3 pages d’Atlantico est formidable dans l’analyse des économies qu’il est possible de réaliser sans dégrader la qualité de l’enseignement. Pour un élève scolarisé, on paye plus de 350€ de fonctionnaires pour l’administratif, contre 80€ en Allemagne (« une dépense de 351,33 euros par élève et par an en France et 80,11 euros en Allemagne – soit 271,23 euros de plus. Rapporté aux 10 millions d’élèves français, cela représente une dépense de 2,74 milliards d’euros par an« ). Pour un professeur en classe, il y a 3 fonctionnaires dans l’administration de l’éducation nationale. Agissons sur ce levier, et on pourra à la fois économiser, et à la fois utiliser l’argent plus efficacement, c’est-à-dire au plus près de l’élève et du professeur ! Il y a largement assez d’argent pour scolariser les enfants handicapés en assurant leurs besoins, pour ouvrir davantage d’internats d’excellence, permettant une ascension sociale accélérée, et même pour permettre de scolariser les élèves en échec scolaire et comportemental. Tout est une question de choix. Dégonflons le mille-feuilles administratif et recommençons à utiliser l’argent là où il est nécessaire, utile, productif. C’est là que devrait être la priorité : dans la chasse continue, permanente, au gaspillage, à la dépense superflue, dans le dégonflement de l’administration pléthorique (qui ne démontre en outre pas son efficacité !).

Le même problème est décelable dans la Santé Publique. Il paraît qu’on n’a plus de moyens, et qu’on vient même à manquer de linge d’hôpital (venez avec votre couverture !). Le système est délabré (autant d’IRM par habitant qu’en Turquie). Pourtant, en terme de dépenses de santé, nous sommes les champions du monde, juste derrière les américains. Pourtant, dépense supérieure ne rime pas avec qualité de soins supérieure ! Les Pays-Bas et le Danemark assurent un meilleur index de qualité en dépensant moins, et la Suisse, l’Allemagne, la Suède et la Norvège arrivent à un niveau de qualité à peu près équivalent, à un coût moindre ! Le problème est très vaste (on pourrait évoquer que les Français consomment 2 à 2.5 fois plus d’antibiotiques que les Allemands ou les Britanniques, 2 à 4 fois plus de psychotropes que dans n’importe quel autre pays, que 90% des consultations chez le généraliste aboutissent à une prescription, contre 40% aux Pays-Bas ou 60% en Allemagne de mémoire…), mais nous pourrions là aussi pointer du doigt le déluge administratif (dés)organisé autour de la Santé Publique, avec moult commissions, comités, agences et autres dont les missions se superposent assez régulièrement pour envisager des fusions massives : directoires, conseils de surveillance, commissions médicales d’établissement, comités techniques d’établissement, comité d’hygiène, de sécurité, et de conditions de travail, agences régionales de santé (regroupant pas moins de 7 organismes différents), comités d’éthiques, cercles régionaux d’éthique, comités de protection des personnes, AFSSAPS, AFSSA, AFSSE, EFS, EFG, OPRI, Haut Conseil de Santé Publique… Et j’en passe !

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Sans doute ces fonctions doivent-elles être assurées, mais un peu de frugalité de ce côté ne ferait sans doute pas de mal, avec quelques rapprochements, et quelques économies administratives… Ne parlons même pas des formalités administratives, qui, pour flatter cette même administration très pointilleuse, obligent le médecin à remplir une paperasse de plus en plus folle, au détriment du temps passé auprès du malade ou de ses proches. Ce système est en partie dénoncé par Patrick Pelloux, du syndicat des médecins urgentistes, qui a malgré tout le toupet de croire que c’est le néolibéralisme thatchérien qui est à mettre en cause dans cette affaire (alors que l’inspiration du système est plutôt bureaucratique et soviétisante qu’ultralibérale, très franchement, et que le système Outre-Manche est encore plus étatisé)… Comme quoi, le Libéralisme, même quand il est piétiné dans ses principes fondamentaux, reste le coupable idéal.

Tout ça pour dire que là aussi, beaucoup d’argent est gaspillé dans des empilements administratifs. Il serait plus judicieux de se rappeler de la fonction première de la Santé Publique, qui est la mission de soins (ou de prévention, soit), et de rapprocher l’argent, les moyens, des patients, des médecins, et des familles … là où il est utile et manque, tout simplement.

Quel candidat à la présidentielle est prêt à rappeler à l’État providence, à défaut de le contester, ses réelles priorités ? Qui est prêt à indiquer toutes les sources possibles d’économies de fonctionnement ? Qui ? Pauvre pays.

Républicain, démocrate, libéral

Samedi, j’ai suivi le débat, sur On N’Est Pas Couché, entre Christophe Barbier et les polémistes de Ruquier.

Selon l’éditorialiste, être républicain est plus important qu’être démocrate. Il défend les prétendues valeurs républicaines, et estime qu’aucun référendum ne doit pouvoir venir renverser certaines de ses valeurs. Ainsi, il rejette l’idée d’un référendum sur la peine de mort. A son avis, son abolition est un acquis républicain, qui ne doit pas être contesté, même si une majorité démocratique le souhaite. Il constitue un sanctuaire de valeurs républicaines intouchables. Je suis un farouche opposant à la peine de mort, mais l’idée même de décréter que certains débats n’ont pas lieu d’être en République est hautement problématique. Qui décide quelles sont ces valeurs sanctuarisées ? Qui place la borne entre le sacré et le profane ? Qui décide ce dont on doit discuter démocratiquement, et ce qu’on ne peut évoquer ? Si on décide un jour que le socialisme ambiant est un acquis de la république, aucun choix démocratique ne pourrait venir le contester. Est-ce légitime ?

Cela dit, placer l’abolition de la peine de mort dans le lot des valeurs intouchables de la République, c’est assez loufoque. La République, après la Révolution Française, est née dans l’application effrénée de la peine de mort par guillotine. La République s’est accomodée, la plus longue partie de son histoire, de la peine de mort. Du temps de De Gaulle, Pompidou, Giscard, la peine de mort n’était pas abolie. Ces hommes-là n’étaient-ils pas républicains ? Bref, bizarre, cette vision élitiste des choses. Dans le cadre duquel une minorité voudrait imposer son point de vue comme un dogme.

Faut-il être d’abord républicain, ou démocrate ? Si être républicain signifie sanctuariser certains sujets, imposer des dogmes commodes, et réécrire une histoire républicaine, je suis démocrate. Le Royaume-Uni n’est pas une République, mais c’est une démocratie, une grande démocratie, depuis beaucoup plus longtemps, et avec beaucoup plus de régularité que la France.

Et si j’étais avant-tout libéral ? Une démocratie sans libéralisme (au moins économique), c’est fort possible. Le libéralisme (dont le libéralisme politique) sans démocratie, c’est quasiment impossible. Quitte à choisir, autant demander le libéralisme. On a la démocratie garantie. Quant au républicanisme, il n’a rien d’indispensable a priori.

Mauvaise foi, protectionnisme, peur, et consternation

Une présidentielle consternante vue par un libéral (très) consterné.

Mauvaise foi

Les courbes semblent se croiser, les socialistes ont peur. Et quand les socialistes ont peur, ils abattent leur carte « Mauvaise Foi Absolue » . Il suffit qu’un sondage, soudain, leur soit défavorable, pour que les sondages deviennent peu fiables, nuls, inacceptables, truqués, pourquoi pas, je l’ai lu aussi. Jusque là, le militant PS de base refaisait quasiment la tapisserie de sa chambre avec les sondages donnant Hollande à 62%, et les sortait à tout bout de champ. Mais quand les sondages arrangent moins, confirment moins dans leurs attentes nos petits socialistes, les voilà qui retournent leur veste et s’insurgent…

Plus que le score dans l’absolu, qui est éminemment variable et soumis à une variabilité naturelle, je rejoins Buisson quand il dit que c’est la dynamique qui compte. Et elle est du côté de Sarkozy. Quoi qu’on en pense, deux hommes réussissent leur campagne : Sarkozy à droite, et Mélenchon à gauche. Autant dire que Hollande, qui a le charisme d’une seiche, est pris en tenaille. Celui qui n’avait été choisi que par défaut, et pour éviter Sarkozy, se fissure avec délectation.

En parlant de Mélenchon, on peut dire que ses militants ne sont pas exempts non plus de mauvaise foi. A leur sens, les sondages sont une incarnation de Satan, ou, pardon, du Capitalisme Mondialisé Pas Beau, qu’il convient de dénoncer avec un couteau dans la bouche. Mais quand ils montrent la progression indiscutable de leur champion, ils sont les premiers à avancer les sondages pour mettre le phénomène en exergue…

Protectionnisme

Alors Sarkozy s’engage de plein pied dans une sorte de protectionnisme européen. Les libéraux finissent de s’étrangler. Les Réformateurs, les Libéraux de l’UMP (où ce qu’il en reste) marchent sur des œufs de caille. Bayrou fait mieux : il réplique que ce qui compte, c’est de produire en France, pas en Europe. Le voilà qui défend une vision encore plus radicale : le protectionnisme franco-français. Dire que certains libéraux ont décidé de le soutenir ouvertement… Le message libéral, déjà faible, est encore dénaturé, brouillé. On est surpris de constater (COUCOU LES LIBÉRAUX) que Bayrou peut se montrer encore plus arriéré et protectionniste, encore plus illibéral que Sarkozy. Les dernières chances pour que je vote Bayrou se sont sans doute évanouies.

Bayrou : « je m’oppose au Buy European Act, en France c’est notre appareil de production qui compte »

Peur

Sarkozy tiendra vraisemblablement son tout dernier meeting de campagne à Nice, le 19 ou le 20 avril. Belle reconnaissance pour un département ultra-sarkozyste, encore aujourd’hui. De son côté, il semblerait que Hollande ait peur. Le PS local souhaiterait que le déplacement de Hollande dans la région s’accompagne d’une véritable rencontre, une prise de parole, une forme de meeting. Mais l’équipe de Hollande n’est pas chaude. Peur d’être chahuté, de recevoir un mauvais accueil. Si Hollande a déjà peur de se déplacer dans certaines des plus grandes villes de France, comment va-t-il se comporter dans les rencontres internationales, et face aux situations de crise ? Dans un coin peu acquis à la cause socialiste, Hollande devrait au contraire rendre hommage au courage de ces militants qui continuent à se battre pour leurs idées, et affrontent une situation fortement défavorable. Mais Hollande préfère faire de belles images, comme lors de sa rencontre foireuse, manipulée, truquée et compassée avec des internautes acquis à sa cause. Ridicule. Cet homme est ridicule.

Consternation

Arthaud, Poutou. Nous aurons donc 2 candidats trotskistes. Mélenchon. Nous aurons un candidat communisto-trotskiste. Marine et NDA. Nous aurons deux marxisants de « droite » . Sarkozy, Bayrou, Hollande. Trois candidats dirigistes-étatistes-protectionnistes-socialistes. Passons les autres. On a failli même avoir un candidat du « Parti du Plaisir »… AUCUN, je dis bien AUCUN libéral.

Les Libéraux gouvernent, participent à la majorité, ou influencent fortement la politique des gouvernements d’Espagne, d’Italie, du Royaume-Uni, d’Allemagne, de Pologne, du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, etc. etc. En France, je ne demande pas d’avoir autant de candidats libéraux que de candidats trotskistes ou communistes, je ne prétends pas les voir gagner d’emblée, ni faire 10% comme Mélenchon. Je prétends en avoir UN, UN SEUL. UN petit candidat dont je puisse dire « je suis d’accord avec lui, et il aura mon vote enthousiaste » , comme Madelin, en 2002, si j’avais pu voter.

Je ne comprends pas qu’on en soit là. Mais je crois que j’écrirai un article pour tenter d’expliquer la situation catastrophique du Libéralisme en France, un de ces jours. En attendant, si vous pouvez, rejoignez cette belle rencontre organisée aujourd’hui par le PLD, ou suivez-la via les réseaux sociaux.

Et aux Législatives, préparez-vous à voter pour les candidats Libéraux.

Your argument is invalid

Quelles que soient les propositions balancées par Sarkozy et par ramettes de 12, le seul, le principal, voire l’unique argument de ses opposants est le suivant : « Mais euh pourquoi il ne l’a pas fait depuis 2007 vu qu’il est le Président ??? » . En fait, Sarkozy propose X’, et ses adversaires rétorquent en disant qu’il n’avait pas fait X ou X’ ces 5 dernières années.

Dans ce cas, si on part du principe que le Président doit avoir tout fait, tout réalisé, en 5 ans, pourquoi donc proposer un 2e mandat aux présidents en exercice ? C’est absurde ! Il ne s’agit pas, loin de là, de défendre les âneries avancées par Sarkozy à longueur de semaines (du reste, ses adversaires font pas mieux ou pire). Cependant, les Marine, François I, François II, Jean-Luc et autres feraient mieux de trouver d’autres arguments.

En particulier, François Hollande devrait faire attention. En cas de victoire, et s’il prévoit de se re-présenter en 2017, il a intérêt à venir sans le moindre programme, et en affirmant qu’il a déjà tout réalisé avec brio. Ce serait pour lui le seul moyen d’être cohérent avec son « l’avait qu’à le faire avant » de 2012.

Cette campagne est consternante.

Guy Sorman et la légende du MITI

Dès 1984, et je ne parle même pas de Georges Orwell, le libéral Guy Sorman avait constaté l’utilisation à tort de l’exemple japonais pour justifier l’intérêt d’un Etat stratège. Aujourd’hui, c’est l’Hérétique qui en parle.

L’État en raison de ce qu’il est en France, doit être stratège. […] Dans les grandes réussites économiques du siècle, chaque fois qu’un pays a su se transformer rapidement, son État, quand il existe, a joué le rôle d’aiguillon et de fédérateur. Tout le monde sait, je pense au MITI japonais, l’agenda que l’Allemagne s’est donnée au début des années 2003/2004 qui a abouti en 2009/2010, et en France plus qu’ailleurs, il en a toujours été ainsi. […]

Je m’empresse de dire que « stratège » ne veut pas dire, comme en grec, commandant en chef. Cela ne veut pas dire : je décide, ils exécutent. « Stratège » cela veut dire un État qui se sent en charge de faire partager un plan de bataille et qui se donne pour tâche de convaincre les acteurs.

L’organisme qui était chargé de préparer et de porter la stratégie existait. C’était le Commissariat au Plan.

Il m’a rappelé cet extrait, que je vous retranscris : il est encore d’actualité en 2012, et permet d’y voir plus clair sur ce sujet…

Au Japon, l’État passe la main

Le voyage au Japon a pour les économistes, les responsables politiques ou les patrons, un parfum initiatique. Chacun vient ici pour découvrir l’explication du miracle de la croissance et pense généralement le trouver au M.I.T.I., le Ministère de l’Industrie et du Commerce extérieur. Le M.I.T.I. est à l’origine d’une vaste littérature qui, après une visite sur place, paraît relever du fantasme, plus que de l’observation économique concrète. Les responsables du M.I.T.I. sont aujourd’hui les premiers à l’admettre. Si l’on en croit cette mythologie, ici, des hauts fonctionnaires superbement intelligents, recrutés à la sortie de l’université de Tokyo, l’E.N.A. du Japon, définiraient les voies de l’avenir et persuaderaient les chefs d’entreprise de s’y rallier au prix de quelques tasses de thé vert. Cette parfaite concertation entre l’Administration et le monde des affaires, autour d’objectifs communs, expliquerait la plus spectaculaire réussite économique de tous les temps. Ainsi, en 1982, François Mitterrand, de retour du Japon, déclarait qu’il fallait un M.I.T.I. français et confiait cette responsabilité à Jean-Pierre Chevènement. Au Etats-Unis, au cours de la campagne présidentielle de 1984, Gary Hart et Walter Mondale ont demandé la création d’un M.I.T.I. américain. Naturellement, entre temps, le M.I.T.I. japonais avait changé radicalement de nature.

Taizo  Kokoyama, responsable du développement international, reconnaît que cette mythologie occidentale du M.I.T.I. pourrait trouver son origine dans les années 60. A l’époque, le retard du Japon était tel que les objectifs de la croissance étaient parfaitement évidents. Il suffisait de rattraper ceux qui étaient devant : les entreprises européennes et américaines. L’avenir était écrit ailleurs, et la planification par le M.I.T.I. relevait du mimétisme plus que de la science économique. Mais dès l’instant où le Japon eût rattrapé ses concurrents, l’avenir n’était plus écrit nulle part et le M.I.T.I. commença à se tromper lourdement. Akyo Morita, le fondateur de Sony, aime à rappeler comment, dans les années 60, le M.I.T.I. lui expliqua qu’il n’y avait pas d’avenir dans l’électronique de grande consommation. Autre exemple célèbre : dans les mêmes années 60, le M.I.T.I. tenta en vain de persuader Nissan et Toyota de fusionner, prévoyant une récession dans le secteur automobile…

Les M.I.T.I. s’est donc reconverti depuis plusieurs années déjà en une sorte de centre de réflexion, même si apparemment la nouvelle n’a pas encore filtré à l’étranger. Des fonctionnaires méditatifs et des patrons en retraite y élaborent on ne peut plus posément des scénarios fu futur et des stratégies de repli pour les secteurs en difficulté, à la manière du Commissariat au Plan français. Mais surtout, le M.I.T.I. a désormais décidé de venir renforcer l’économie libérale en jouant les initiatives dispersées plutôt que la planification centralisée. Il a ainsi ouvert dans tout le Japon des « Collèges pour petits patrons » afin que ceux-ci puissent se perfectionner dans les techniques du management et multiplier les aventures industrielles. Là réside, selon Taizo Yokohama, le nouveau modèle japonais.

Il faut cependant s’interroger sur cette pérennité du mythe du M.I.T.I., en contradiction flagrante avec la réalité récente. La réalité et sans doute que les Japonais fournissent, malgré eux, une sorte de caution aux amateurs de politiques industrielle et de planification centralisée. A tous les libéraux qui prétendent que l’avenir n’est écrit nulle part, ils opposent qu’au contraire, l’avenir est planifiable : voyez les Japonais ! La politique industrielle, en plus de sa séduction intellectuelle -elle rassure-, présente des charmes politiques incontestables. Elle permet aux gouvernements de favoriser certaines régions ou certaines professions, ce qui peut être d’un grand profit électoral.

La vraie leçon japonaise est donc que la seule politique industrielle qui vaille consiste à préparer les hommes à imaginer l’avenir et rien d’autre. Le moteur de la croissance japonaise est l’esprit d’entreprise des japonais.

La solution libérale (chap. « La croissance sans l’État »), Guy Sorman

Je vous recommande chaleureusement d’acheter et de lire cet ouvrage ancien, mais qui n’a pas pris une ride, exceptionnel dans son diagnostic et dans la finesse de son exposé de la diversité mondiale (à l’image aussi du plus récent L’économie ne ment pas maintenant au format Kindle \O/), mais aussi comme un guide pratique de communication à l’usage des militants libéraux, par son analyse des stratégies ayant permis aux libéraux d’accéder au pouvoir un peu partout dans les années 1980.

En démontrant, une fois encore, que l’idée de pouvoir planifier l’économie par le sommet relève de la « présomption fatale« , Sorman se place dans la droite lignée de Hayek. L’information, les idées, sont infiniment divisées, et chaque individu et porteur d’un morceau de cette information. Imaginer pouvoir centraliser la prise de décision, même à la marge, donc prétendre réussir à rassembler objectivement cette information relève de l’impossible. La preuve en est donnée par certains conseils désastreux du M.I.T.I….

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Au contraire, pour favoriser le décollage économique, la croissance, l’innovation, il faut libérer les entrepreneurs et les créateurs de leurs multiples carcans, favoriser l’investissement, la prise de risque, l’initiative individuelle. Bien sûr, il y aura des échecs et des voies sans issues, mais c’est le seul moyen de découvrir des perles rares, ces concepts et produits qui peuvent révolutionner notre quotidien et dynamiser notre économie, et auxquels aucun ministère ne pensera jamais. Par exemple, il est grand temps de faire sauter de la Constitution cette lubie du principe de précaution, qui paralyse la prise de risque, et enfin foutre la paix aux chercheurs et ingénieurs. La réussite est à ce prix, et certainement pas, à mon avis, dans une stratégie insufflée d’en haut, qui démontre chaque jour davantage de failles (puisqu’ actuellement, l’État se mêle déjà à fond de stratégie d’entreprises : lisez plutôt cet article édifiant à ce sujet). Si la gestion par l’État des grandes lignes de la stratégie économique réussissait, l’URSS aurait gagné la Guerre Froide, et la France irait bien mieux qu’aujourd’hui.

Moralisation de la vie politique ?

Approuvez-vous comme moi la « moralisation de la vie publique » proposée par Bayrou : nombre de députés abaissé de 577 à  400, cumul des mandats « interdit » pour les députés dès 2012 et « limité » pour les sénateurs, assemblée nationale élue aux trois quarts au scrutin majoritaire actuel et au dernier quart à la proportionnelle, reconnaissance du vote blanc, définition du conflit d’intérêt, interdiction du retour dans la vie publique des élus condamnés pour corruption,  gouvernement à moins de 20 ministres ?

C’est Aurélien Veron qui, sur son Facebook, résumait très bien les propositions de Bayrou en matière de vie publique et d’institutions. Petit commentaire rapide point par point.

Abaissement du nombre de députés : une évidence. Je serais même allé jusqu’à 300, mais disons que c’est une mesure qui va dans le bon sens (et Sarkozy propose aussi une réduction). En parlant des députés, j’aurais même divisé par 2 (ou un peu moins) les indemnités de tous les élus, comme le proposait Hashtable, et surtout, chose souvent oubliée, je me serais attaché à réduire tous les avantages accumulés par les élus pendant et après leurs mandats, et que des enquêtes régulières viennent souligner (restaurants aux tarifs avantageux, abonnements divers, moyens à dispositions, et surtout, retraites somptuaires, persistance d’avantages en nature…). Soyons objectifs, certains peuvent être utiles (par exemple pour faciliter les déplacements vers Paris etc), mais ils doivent être totalement reconsidérés et allégés, en particulier pour l’après-mandat.

Concernant la proportionnelle, j’y suis favorable, dans la mesure où cela permettrait de mieux représenter les différents courant politiques, dont les pauvres libéraux. Cela dit, j’y mets une condition : la préservation d’une majorité stable, afin de ne pas sacrifier ce qui fait l’une de nos forces actuellement, par rapport à d’autres gouvernements européens facilement paralysés. Pour ce faire, il faudrait réfléchir à la méthode : celle d’Hondt favorise malgré tout les listes ayant reçu le plus de suffrages.

Reconnaissance du vote blanc : très bonne idée. Là aussi, c’est une évidence. Pour la suite, chacun ne peut que convenir que ce sont de bonnes idées.

Quant au Gouvernement, 20 ministres, ça fait déjà beaucoup, et je crois que la règle serait à la fois rigide (à chaque Président de faire ce qu’il veut) et contre-productive (si ça amène à la nomination de pléthore de secrétaires d’État de substitution pour placer les amis).

Revenons enfin sur le cumul des mandats. J’ai, sur ce point, un avis très divergent de la plupart des Libéraux. J’estime que la liberté doit s’appliquer jusque là. Ce n’est pas au législateur de décider qui est apte d’accéder à telle ou telle fonction élective, mais … aux électeurs. Interdire le cumul à tous les niveaux, c’est s’exposer à devoir supporter éventuellement un mauvais élu faute de pouvoir désigner un bon élu, malgré son cumul. Un élu peut très bien assumer deux mandats avec qualité et attention. Tout dépend de sa compétence. Je préfère un bon cumulard à un mauvais non-cumulard. Si les électeurs estiment que le cumul des fonctions empêchera le candidat d’assurer pleinement ses fonctions, il leur suffit de le faire savoir par les urnes. Mais si ça ne les dérange pas, qu’ils soient libres d’en faire leur maire ou leur député. Ne les prenons pas pour plus bêtes qu’ils ne le sont…

Par contre, cette autorisation du cumul (sauf cas excessif pouvant présenter un inconvénient, évidemment), doit s’associer à une limitation totale du cumul des indemnités. L’élu cumulard devra se contenter d’une seule indemnité, la plus élevée, et renoncer totalement aux autres. Dans ce cas, le fait de cumuler ne sera pas motivé par la volonté de se remplir les poches (et permettra au contraire d’économiser de l’argent public)… Vous me direz qu’il y a d’autres mauvaises raisons de vouloir cumuler (influence…), mais le principal écueil serait évité, et il y a fort à parier que les politiques prendront en considération que ce n’est pas leur portefeuille qui y gagnera en poids.

Bref, pour en revenir au sujet de l’article, les mesures proposées par François Bayrou vont dans le bon sens … mais pourquoi en faire un référendum ? Demander aux gens s’ils sont favorables ou non à une MORALISATION, c’est comme leur demander s’ils sont pour ou contre la paix dans le monde, le plein-emploi, le fait que les petits africains mangent à leur faim, et l’interdiction des chansons de Justin Bieber sur le territoire national… Du coup, cette idée donne l’impression, à tort ou à raison (qui y a pensé le premier ?) qu’il y a chez Bayrou la volonté de copier Sarkozy, en rattachant son wagon après coup.

Ce qui est, selon moi, une erreur, s’ajoute à d’autres erreurs, telles que le Ministère de l’égalité (WTF ?) et l’idée de saboter le statut d’auto-entrepreneur, qui est plutôt une réussite qui devrait être approfondie. Pas sûr que cela suffise à relancer la campagne du chef du MoDem…

Con-lectif Roosevelt 2012

Si vous avez eu le plaisir de feuilleter la presse gratuite ces derniers jours, vous avez peut-être eu le malheur d’entendre parler du Collectif Roosevelt 2012.

Rien que le nom devrait faire peur à tout libéral qui se respecte. Prendre pour référence un président démocrate qui a appliqué de désastreuses mesures de relance keynésiennes de poudre aux yeux, c’est triste. D’ailleurs, au milieu d’un article gluant de connivence, un encadré de Metro rétablissait un semblant d’équilibre, en avouant que les politiques de Roosevelt eurent un effet au mieux très moyen sur l’économie américaine, mais étaient simplement restées comme un SYMBOLE POPULAIRE. Comprenez : une légende mensongère au possible.

Pourtant, Metro tente de nous rassurer. Il paraît que le collectif rassemble des personnalités de tous horizons, et que leurs propositions doivent transcender la droite et la gauche. Et là, si vous regardez la liste des membres du collectif, vous réalisez à quel point vous vous faites enfumer. « Tous horizons », « droite et gauche » … VRAIMENT ? Stéphane Hessel, Edgard Morin, Bruno Gaccio, Michel Roccard, Lilian Thuram, c’est la droite ultralibérale échevelée ? C’est l’équilibre droite/gauche dans toute sa splendeur ? De qui se moque-t-on ? La Fondation Danièle Mitterrand, le Conseil National du PS, un Conseiller Régional du Front de Gauche, ça transcende les clivages ? DE QUI SE MOQUE-T-ON ?

Et puis ce n’est pas tout… En terme de propositions révolutionnaires, on est servis ! Que du lourd, du vu, du revu, et du contre-productif.

Déjà, bien sûr, il y a l’idée d’offrir de l’argent gratuit aux États, via des emprunts à taux d’intérêt quasi nul. On a un problème de dette ? Offrons de l’argent gratuit, on règlera le souci. D’ailleurs, il suffit de demander à la BCE de faire tourner les rotatives en accéléré, pour imprimer des tonnes de jolis billets. ET POUF ! Plein d’argent. Comment n’y a-t-on pas pensé avant ? Consternant…

On continue dans du neuf et de l’original avec l’idée d’un nouvel impôt européen sur les sociétés. Comme les impôts précédents avaient déjà fait peser un poids fiscal hors-normes sur nos citoyens, notre économie, et nos entreprises, il suffit de continuer sur cette belle voie, afin d’asphyxier notre restant de croissance. TAXE-TAXE-TAXE, voilà le credo révolutionnaire des amis de Roosevelt.

La lutte contre les paradis fiscaux est aussi quelque chose de nouveau et clinquant. D’ailleurs, c’est connu, personne n’en a parlé jusque là. Nous sommes dans la droite ligne de la proposition précédente : après avoir transformé l’Europe en enfer fiscal, la suite logique est de s’attaquer aux paradis fiscaux.

Autre idée révolutionnaire déjà entendue un bon millier de fois : séparer banques d’affaires et banques de dépôts… Pourquoi pas, je ne prétends pas exceller dans la maîtrise de ce domaine, et il me semble même que Charles Gave, qui n’est pas la moitié d’un con, suggère à peu près la même chose. Maintenant, il me semble aussi que les banques qui ont causé le désastre de la Crise appliquaient déjà ce principe. Pas la panacée, donc.

Taxer les transactions financières. Sarkozy et Merkel y sont favorables. Rien de nouveau sous la tempête, donc. Et encore, nous ne reviendrons pas sur les effets délétères de ce système que la Suède a adopté avant de l’abandonner, et dont nous aurons vite fait de réaliser l’échec une fois que nous l’aurons mis en oeuvre. En même temps, actuellement, nos riches partent en Suisse, nos entrepreneurs partent à Londres, et les autres essayent la Belgique. Bientôt, il n’y aura plus rien à taxer. Ce sera la plus grande de nos victoires.

Déclarer la guerre au dérèglement climatique. Ça se passe de commentaire, non ?

Enfin, l’idée la plus géniale du lot est celle d’aller plus loin dans le partage du temps de travail. On frôle le loufoque avec béatitude. L’idée neuve du Collectif est donc de continuer dans une vision du marché du travail qui a conduit aux 35 heures, et aux taux de chômage astronomiques que nous connaissons ? Pourquoi persister à voir le marché du travail comme un gros gâteau de taille fixe ?

En somme, ne vous fiez pas aux apparences. Rien de nouveau, aucune idée neuve,  aucune trouvaille révolutionnaire… Du socialisme, encore, toujours, et dans la joie ! Du dirigisme, toujours plus loin, toujours plus fort !

PS : J’ai écrit cet article ce matin, et depuis, j’ai lu l’article d’Hashtable à ce sujet. Inégalable. Je vous le recommande chaleureusement. ;-)

Ministère de l’égalité ?

« Egalité, taxes, bisous », c’est à la devise de la France hashtablienne que la dernière proposition de François Bayrou me fait penser. Ministère de l’égalité, pour lutter contre toutes les discriminations ? Vraiment ?

Et si, outre le nombre de députés, on parlait de réduire le nombre de Ministres ? Un Ministère de l’égalité est-il réellement nécessaire dans la France d’aujourd’hui ? N’a-t-on pas suffisamment d’associations, de groupes, d’organismes, qui, à grand renfort d’argent public gratuit, nous rappellent sempiternellement cette volonté farouche de la non-discrimination et de l’égalité citoyenne et festive ?

Voilà une belle priorité, M.Bayrou. Voilà un nouveau déversoir à argent public et bons sentiments, avec une docile petite armée de fonctionnaires rattachée. Et que va faire ce ministère en carton-pâte ? S’il s’agit de faire respecter la loi, nul besoin d’un ministère. S’il s’agit d’imposer de nouveaux règlements, il y a de quoi prendre peur. S’il s’agit de faire joli dans le décor, c’est à pleurer de désolation.

La lutte contre les discriminations ? Hashtable ne dénonce-t-il pas suffisamment les dérives de la lutte contre les discriminations ? Ainsi, quand un employeur embauche le candidat avec un gros diplôme, au détriment de celui au petit diplôme, on trouve moyen de crier à la discrimination, au simple prétexte que le 2e fait partie d’une « minorité »… Et les exemples de ce type sont partout… Bayrou luttera-t-il contre les excès de la lutte contre les discriminations, quand celle-ci s’apparente à une nouvelle forme de discrimination ?

Enfin bon… Encore une belle promesse à peu de frais (oui, c’est une expression : la mise en application, elle, ne sera pas gratuite), et une nouvelle couche d’intervention publique dans notre société déjà passablement sclérosée par les couches précédentes (et les subventions publiques à SOS Racisme).

Je lisais Sabine Herauld se demander si Sarkozy sabotait volontairement sa campagne… Aujourd’hui, je me demande si François Bayrou sabote volontairement son début d’alliance avec les Libéraux. S’ils ne s’étranglent pas, c’est qu’ils ont une capacité de patience hors-normes.

Et puisqu’on parle d’égalité, quittons le terrain des discriminations méchantes pour parler des inégalités économiques pas gentilles. J’ai lu, sans doute à la grande surprise de beaucoup, que le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités économiques dans un pays, a diminué en France ces 30 dernières années. Vous avez bien lu, diminué. Cela signifie que les inégalités sont en diminution en France (mais aussi en Grèce !). CHOUETTE ! Champagne ! Dans le même temps, elles augmentaient en Allemagne, en Suède, en Norvège… Intéressant de constater que les pays où les inégalités diminuent sont aussi ceux qui sont dans la merdre la plus profonde, avec les plus jolis taux de chômage, les plus fabuleuses dettes publiques, la situation économique la mieux enlisée. Mais là où les choses vont plutôt mieux, les inégalités se creusent. ZUT DE ZUT !

En somme, pour atteindre la sainte égalité de tous, et abattre une fois pour toutes les inégalités, la meilleure solution est de plonger le pays dans le marasme économique, la récession, et la banqueroute financière. Gageons qu’en France, nous nous montrerons à la hauteur.

En somme, après le ministère Bayrouiste de l’égalité, et, soyons fous, le ministère de la fraternité par Hollande, qui pensera enfin à un GOUVERNEMENT de la Liberté ?

Pauvre pays, qui, à trop rêver d’égalité factice et en toc, en a oublié la liberté…

Hollande croit-il vraiment dans ses promesses ?

L’Hérétique me demande de contribuer au débat pour savoir si, pour reprendre ses propres termes, Hollande est « fou » (il croit dur comme fer dans son programme et ses idées, et les appliquera, bien que les conséquences s’annoncent funestes), ou bien « menteur » (le seul but étant de se faire élire, peu importent les promesses de campagne).

Je crois que le meilleur exemple à étudier pour obtenir un début de réponse, ce sont les fameuses « 35 heures » . Jean-Marc Sylvestre, dans ses Petites Leçons d’Économie (etc) rappelle la petite histoire. Nous sommes avant les Législatives de 1997, et le PS, à court d’ambition après sa claque de 1995, est à la recherche d’une nouvelle idée mobilisatrice pour enthousiasmer les foules (déjà). Dominique Strauss-Kahn, cet immense économiste brillant et indispensable, ce sauveur de la France il fut un temps, sur le coin d’une table de restaurant, invente les 35 heures. A ses proches du PS qui lui rétorquent que l’idée est catastrophique pour l’économie et inapplicable, DSK répond qu’il n’en doute pas un seul instant, mais que la mesure ne sera jamais appliquée, puisque le PS ne gagnera pas les Législatives. Retournement de tendance, le PS gagne les Législatives, Jospin arrive à Matignon, et Aubry se fait le fer de lance de cette grande conquête de progrès social que sont les 35 heures…

Morale de l’histoire ? Le PS aime bien proposer des trucs quand il sait qu’il n’a aucune chance de devoir les appliquer (ça ne mange pas de pain, et d’autres partis, notamment ceux prônant la sortie de l’Euro, ou les 32 heures, jouent étrangement sur le même créneau). Ce qui irait dans le sens de « mensonge » . Ouais mais ils sont aussi assez « fous » pour mettre en œuvre leurs mensonges. Rigolo, non ?

Rappelez-vous aussi, puisqu’on parle d’humour, la promesse Ségolène-Royalesque du SMIC à 1500€, qu’elle défendit mordicus pendant toute une campagne … pour avouer après sa défaite qu’il n’y avait jamais cru. « Mensonge » , donc.

Le souci du PS, que j’avais déjà soulevé du temps de la primaire, c’est que le candidat se voit plus ou moins imposer son programme. Le projet du PS ayant été rédigé avant les primaires citohyènes, quelle marge de manœuvre les différents protagonistes conservaient-ils pour se démarquer ? Voilà qui peut venir au secours des candidatures divergentes à gauche de feu Chevènement et de tout-feu-tout-flamme Mélenchon : faute de pouvoir défendre son propre projet dans la primaire, et de le faire approuver par les militants de gauche, autant faire bande à part…

Ce souci a été plus ou moins habilement contourné par certains candidats, qui ont volontairement plongé leurs promesses dans un flou idéologique rose bonbon ( « il y a un loup ! » dirait Martine), et notamment Hollande, qui a excellé en la matière, et ne manque pas de se distinguer aujourd’hui du projet officiellement socialiste. Tout ça laisse penser que, la victoire étant aujourd’hui probable (contrairement à l’époque de la promesse des 35 heures), le PS s’auto-contraigne à un minimum de contact, aussi tenu soit-il, avec la réalité.

Du reste, malgré cet aggiornamento précipité par la crise, beaucoup de propositions socialistes relèvent encore du fameux « rêve » (qui virerait volontiers au cauchemar). Et pourtant, je pense qu’Hollande commencerait par tenter de l’appliquer, aussi « fou » cela soit-il. Il l’appliquerait, parce que la tension serait très forte, l’attente, irrépressible, et toute la crème socialiste, en transe à l’idée de pouvoir enfin s’en donner à cœur joie.

Malgré tout, le principe de réalité est dur comme 3m de béton, pour reprendre l’image d’Hervé Torchet, et les faits seront tenaces. Quand les socialistes au pouvoir réaliseront qu’ils foncent droit dans le mur, il y aura un grand bruit de retournement de veste, et un remake du tournant de la rigueur, comme en 1983 (pour fêter ses 20 ans en 2013 ?). Et là, comme je l’avais dit dans un autre article (que je ne retrouve pas, rigolo), la cocote-minute sociale française risque de montrer de sévères signes d’explosion. Comprenez-moi bien… Tant que la droite fait de l’austérité et mène une politique prétendument « anti-sociale » , les gens, les classes populaires, ont toujours le recours de l’alternance, et peuvent imaginer se réfugier à gauche. Mais si c’est la gauche qui mène cette même politique, les classes populaires, ne pouvant pas attendre de politique différente de la part de la droite, risquent sérieusement de virer au rouge, ou au bleu marine, si vous voyez ce que je veux dire… En quelque sorte, la gauche dans l’opposition est une soupape de sécurité. La gauche aux affaires avec une rigueur de droite, c’est l’autoroute de l’explosion sociale.

D’ailleurs, même si je n’ai pas beaucoup eu le temps de consulter la blogosphère ces dernières semaines (ok, mois), et en particulier celui de l’Hérétique, et ayant gardé le souvenir d’un billet où il laissait entendre qu’entre Sarkozy et Hollande, il préfèrerait encore l’alternance et voterait pour l’autre pays du fromage, je me demande aujourd’hui s’il a changé d’avis, ou s’il maintient sa préférence dans la perspective d’un tel second tour…