25 janvier 2013
par Hippolyte
Fichtre. Dans un débat qui ne cesse d’enflammer les passions, du côté des conservateurs comme des soutiens, il me semblait désormais infamant de rester silencieux alors que toute la blogosphère se saisit de la question. Je ne vais pas m’appesantir plus longtemps en verbiage, je suis un soutient à la réforme (oui, sur un blogue de droite, cela existe). J’ai pour sentiment que cette question dépasse les clivages habituels même si elle y reste très liée de manière générale. On le sait, on le dit, on l’observe depuis quelques mois, cette question passionne les français chaque jour, ouvrant leur page Google dès le moindre rebondissement de cette affaire. Certains gueulent, d’autres applaudissent, d’autres s’en fichent. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a de réelles incohérences à s’opposer à cette réforme. Petite explication.
1°) Les religieux se plaisent tout particulièrement à associer l’ouverture du mariage aux couples gays, aux dérives de la polygamie, polyandrie (pour les musulmans, c’est d’ailleurs assez cocasse de noter l’emploi de ce mot), zoophilie, et pour les idiots du village, de la pédophilie. Je ne me ferai pas un sacerdoce de les raisonner, j’ai perdu ma fougue passée avec le temps, mais j’aimerais souligner la pure et simple diffamation, ainsi que l’amalgame douteux entre l’inacceptable et l’acceptable. Voyez-vous, l’homosexualité n’est pas une pratique, c’est une sexualité, comme l’hétérosexualité, la bisexualité ou la pansexualité. Si vous savez tous lire, vous retrouverez la même racine. Si vous savez tous lire, là encore, cette racine n’est pas présente dans les autres mots, et pour cause, il n’y aucune corrélation logique entre deux hommes/deux femmes qui s’aiment, et un homme qui a plusieurs femmes, une femme qui a plusieurs hommes, un homme-femme qui aime un chien et un(e) pervers(e) qui se tape des enfants. Dans le dernier cas, l’agissement est par pulsion, dans l’avant-dernier, il faut être réellement pervers pour apprécier… Je ne vais pas tous les décomposer, mais là où il y a exactement la même chose dans l’hétérosexualité et l’homosexualité, on nous ressort ces vieux argumentum ad hominem, pour dénoncer à demi-mots la perversité des gays car on n’assume pas son homophobie. Je ne me permettrais pas d’affirmer que tous les opposants à cette réforme sociétale sont homophobes, mais je me permets d’affirmer que beaucoup le sont, et ne le taisent que par les dérives accordées lors du vote du P.A.C.S (c’était les mêmes dans la rue, soit dit en passant) et car leur leader, charismatique déjantée du nom de Frigide Barjot, parvient à conserver la tête du troupeau.
2) Mais voilà… il y a un hic. Quand on associe Hollande à Hitler en trente secondes (point Godwin aussi rapide que la signature d’un P.A.C.S au greffe du tribunal), on peut se poser des questions sur la logique employée. On est tous différents, on est tous unique, mais il faut bien s’accommoder des particularités de chacun. Marre de se considérer chaque jour insulté dès que l’on ouvre le journal, et les premiers à souffrir sont les homosexuel-les humiliés chaque jour un peu plus, pris dans l’étreinte d’un débat autant que les enfants (on y reviendra, sur les enfants). On peut ne pas se vouloir homophobe, je respecte, mais la portée des propos que l’on peut avoir se répercute avec bien trop de gravité sur les principaux concernés. À entendre chaque jour qu’on n’est pas normal, on finit par saturer, et cela devient presque du harcèlement moral banalisé. #SiMonFilsEtaitGay est également dans mon viseur. La remontée des extrêmes par des débats pareils est nocive, blessante, en étant également injuste. Plus injuste encore, que ceux qui manifestent dans les rues seront ceux qui jugeront les enfants adoptés par des homosexuels, qu’ils veulent prétendre défendre (si ce n’est pas les opposants, qui peut bien se moquer d’une telle situation ?). C’est tellement hypocrite. C’en est ridicule. Une remise en question de certaines personnes seraient sans doute utile, surtout quand elles ne connaissent rien aux raisons pour lesquelles elles manifestent. Cela devient encore plus nauséabond, on agit par panurgisme dans le milieu.
3) Les enfants. Ah les sacro-saints enfants, sur lesquelles une auréole n’a de cesse de pousser depuis le début du débat. On peut lire dans les slogans répétitifs des opposants au mariage gay, ceci : “Tous nés d’un père et d’une mère“. Ce à quoi, mon visage a répliqué ceci.
Oui, cette tête-là.
À quel moment, les partisans de cette réforme sociétale ont-ils remis en cause de le moyen de fécondation pour la naissance d’un rejeton ? Jamais. Et que l’on ne me parle pas de P.M.A, puisque dans les faits, celle-ci ne sera présentée que bien plus tard. Pas de chance, il faudra organiser d’autres manifestations, mais en attendant, ce genre de propos n’a pas lieu d’être. De même que la translation du débat aux écoles, qui, envers et contre tout ce qu’a pu dire le secrétaire de l’enseignement catholique, a bien été organisé avec des élèves de troisième des discussions à ce sujet. J’en suis le premier témoin, autant que les nombreux articles que l’on peut lire. On rajoute à l’hypocrisie, la mauvaise foi. Je crois bel et bien que ce débat m’ulcère. Marre d’entendre des moutons radoter les mêmes poncifs que leurs maîtres à pensées, marre de la passivité des partisans, marre de la subjectivité des opposants. Des gens sincères dans leurs idéaux, il n’y en a pas beaucoup. Plus encore dans un débat comme celui-ci, quand on voit la droite conservatrice brandir les vieux torchons de décadence de l’humanité, menace de l’équilibre de l’humanité. En fait, il y a déjà 40 000 enfants adoptés par des familles homoparentales en France. Les “contres“ arguent… je ne sais pas quoi en fait, car je ne comprends les arguments qui sont dits là-dessus par leur côté disparate et belliqueux. Eh bien, admettons. Si un témoignage, ne serait-ce qu’un, énoncé directement par un concerné avait l’outrecuidance d’expliquer son parcours, ce pourquoi il a eu des doutes, ce pourquoi il vit très bien, on entend les râleurs pousser leurs cris d’Orfraie, dénonçant avec fermeté la dangereuse manipulation intellectuelle des lobby pro-homosexualité. De l’autre côté, il suffit qu’un article, un seul, parmi la salve de positifs énonce le négatif d’avoir été élevé par deux pères, et deux mères, c’est la société toute entière qui pouffe un scandale, des « Ah je l’avais bien dit ». Argumentum ad nauseam (pour appuyer mes dires, voir la congélation d’un bébé en Afrique du Sud par un couple de lesbienne, ou tout simplement quelques sites d’actualités, tout de même moins violent). C’est particulièrement édifiant cette manière de pensée. Oui, des enfants le vivront mal, comme certains vivent mal d’être gros, d’être noir, d’être roux, toutes ces choses insignifiantes qui constituent l’endurcissement de la vie d’un jeune. Cela ne fera qu’une raison de plus, pour autant, n’est-ce pas le meilleur moyen de s’affirmer, pour qu’au bout du compte, cela entre dans les mœurs ? Je crois que si. Je crois également qu’une réforme n’est jamais sans risque, et je mettrais cela en corrélation avec le divorce. Je me montre persuadé que c’est en brusquant parfois l’évolution que l’on obtient des résultat. Devrions-nous dire à ces enfants que s’ils perdent leur parent, l’autre personne qui les a élevée ne pourrait plus les voir, simplement car on lui a refusé le droit d’exercer une autorité ? C’est tellement mesquin de parler de sécurité de l’enfant quand ceux-ci sont marginalisés à cause d’une administration désuète. Alors, à part la peur de la différence, quoi rétorquer ?
Je pense qu’il est grand temps de penser autrement. Ceux qui ne se sentent pas concernés par mon article, mais qui sont tout de même contre, je vous invite à réagir par les commentaires sur l’homoparentalité, car il y a des positions que je ne comprends pas. Pour conclure, je dirai simplement au gouvernement de ne pas reculer. Les gens, ça gueulent beaucoup, mais dans cinq ans, cela oublie tout. Le P.A.C.S en est l’illustration complète. De “Pédé aux bûchers“ à fervent soutient, l’antithèse se poursuit comme aujourd’hui, et cela continuera demain, peu en importe le coup porté à la crédibilité.
Hippolyte.
PS : Mais quel sauvage ! J’oubliais de vous souhaiter avec retard une excellente année 2013.
PETIT RAJOUT : http://24heuresactu.com/2013/01/23/homoparentalite-letude-statistique-censuree-en-france/ J’ai enfin localisé le repère des extrémistes homophobes, dépourvus de tout savoir et de toute objectivité. Puis-je avoir mon gâteau au chocolat ? Cette étude tronquée, et fausse (je vous invite à lire les commentaires du bas, une bonne analyse en sera faite) démontre encore une fois l’hypocrisie latente des opposants, et le conservatisme réactionnaire dans lequel ils s’enferment. Heureusement, et je l’espère, pas tous, car l’amalgame entre pédophile et homosexuel me les brise légèrement et en vient jusqu’à me blesser dans ma dignité.