[Malaberg] Le quoi ?

Tout d’abord, désolé pour ma longue absence. Un méchant problème de smart error sur mon disque dur associé à une absence de retour au domicile familial et au réparateur informatique attitré m’ont privé de parole tout ce temps. Ce n’était que partie remise ! En effet, au grand dam de certains, je suis là à nouveau.

Je vais causer aujourd’hui de quelque chose qui va faire crier, pleurer, mais je m’en moque. Je vais m’interroger, et interroger les autres sur un objet politique non identifié : le Centre. Mon propos n’est pas de vitupérer contre ceux qui retournent leur veste, comme l’a si bien chanté Dutronc, mais plutôt d’expliquer mon point de vue : pourquoi le centre n’existe pas pour moi, même si je peux employer le terme. Je ne dis pas que personne ne devrait penser à l’existence du centre, ou quelque chose dans ce genre, mais je vais expliquer la question, dans mon référentiel.

Tout d’abord, nous allons commencer par les lieux communs, ou par les faits aisément constatables par le plus grand nombre. Quand on parle d’un centriste, en France, de qui s’agit-il ? Si le centriste en question est inscrit au PS, alors on parle plutôt de « centre gauche » d’ailleurs, il s’agit de quelqu’un inscrit au PS mais qui trouve que la tiède politique proposée par ce parti est encore trop gauchisante pour lui, et qu’il conviendrait de s’aligner sur les propositions de la droite.

Si le centriste en question est inscrit à l’UMP, alors on le distingue des autres UMP parce qu’il lui arrive de protester lorsque quelqu’un du gouvernement a une action frisant avec l’extrême droite. Ce centriste là peut également ne rien dire approuvant une proposition du gouvernement qui lui parait trop « inhumaine ».  On appelle cela une protestation, à droite (en effet, ne pas applaudir avec la meute, c’est protester.) Cette protestation n’allant que très rarement jusqu’à s’opposer audit gouvernement lors d’un vote, tout de même.

Si le centriste est inscrit dans l’un des soit disant partis de « centre droit », comme le nouveau centre, son rôle principal est de permettre au gouvernement UMP de dire « regardez, il n’y a pas qu’un seul parti dans la majorité ». Cela permet de donner une illusion de pluralité. Sinon, il agit exactement comme le centriste de l’UMP : Une protestation pour la forme parfois pour rappeler qu’on existe, assortie d’une fidélité à toute épreuve ou presque.

Rappelons qu’on appelait jadis « centre », l’UDF. UDF qui comptait dans ses rangs des gens comme Madelin, de Villiers, et autre sympathisants de l’alliance avec le FN, gens que l’on met de nos jours dans la catégorie « limite extrême droite ».

Nous avons donc tout un drôle de gloubi boulga qui peut se revendiquer du centre, sans réelle visibilité ni cohérence dans les actes. Et ce n’est pas fini : il existe aussi le drôle de centriste : celui inscrit au Modem. Comme sa ligne politique varie selon les élections, les lieux, et les autres candidats, il va falloir s’intéresser à ce qu’il propose. Et là, patatras, en regardant le programme, on voit la même chose que dans un programme de droite, le racisme en moins : diminution des prestations sociales pour baisser les dépenses publiques,  diminution du nombre de fonctionnaires, privatisations, augmentation de la cotisation pour la retraites, etc. Mais le tout assorti de bonnes intentions. Evidemment « on ne peut pas faire autrement,  c’est nécessaire, inévitable, blablabla ».
Cela nous permet de comprendre pourquoi ce centriste là peut s’allier avec les PS quand ils sont de centre gauche (voir supra) puisque ceux là défendent la même ligne.

Bref, nous avons donc d’une bonne partie du PS à l’UMP, un grand consensus sur les mesures économiques et sociales qu’il convient de prendre. Le problème, c’est que dans ce grand sac là, on trouve le PS qui est théoriquement de « gauche », l’UMP, qui est quand même bien « à droite », et tous ceux se revendiquant du « centre » (qu’il doit droit ou gauche). Dans le même sac ! Celui des libéraux.

Voilà pourquoi pour moi, le centre n’existe pas à proprement parler en dehors des postures politiciennes : sur le fond, il n’y a pas de centre. Le centre est surtout « ni de gauche, ni de gauche », comme disait le peu regretté Tonton, le centre a le même programme que la droite. Ceux qui se revendiquent « centristes déçus de Sarkozy » prônent peu ou prou la même chose, mais d’une manière différente. (Comme dans l’enquête Corse) le racisme en moins peut être ?

Amusons nous à voir qui est qualifié de centriste, selon les pays. Gianfranco Fini, qui pourtant était quelqu’un décrit jusqu’à il y a peu comme était plus à droite que Berlusconi, limite extrême droite comme la lega nord, s’est mué dans la bouche des commentateurs en un vertueux centriste le jour où, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec un quelconque désaccord de fond, il s’est opposé à notre cher Silvio.

Ce cher Schröder du SPD, parti social démocrate allemand pour ceux qui ne connaîtraient pas, a fait campagne et a été élu en 1998 en se revendiquant du « nouveau centre » (sisi, je ne plaisante pas !), et en effet, nous n’avons pas été déçus : destruction du système social allemand comme on n’en avait jamais vu auparavant, alors que le pays était dirigé par la droite depuis 1982… Le centre pire que la droite ! On aura vraiment tout vu.

En conclusion, je dirai simplement que le centre n’est pour moi qu’une posture politicienne vis-à-vis de la « gauche » officielle qui est de toute façon en grande partie d’accord avec la « droite » officielle sur le fond. Je peux employer ce terme, mais le centre à proprement parler n’existe pas, en tout cas pas sur le plan idéologique. Ou alors, j’attends qu’on me le décrive. Avec des CLIVAGES vis-à-vis d’autres points de vue, puisque ce sont en général les CLIVAGES qui font qu’on peut faire la différences entre deux points de vue qui se revendiquent différents.

A ceux qui voudraient bien me répondre, je signale au cas où que la question du clivage gauche/droite est sous-jacente à ce sujet…

J’aurais plus à en dire, mais il est bon d’en garder toujours un peu sous le coude, ça peut servir. Je vous libère pour aujourd’hui !

À propos Malaberg
Blogueur associé provençal perdu dans le nord et caution de gauche sur un blogue de droite. Mais je le vis bien !

4 Responses to [Malaberg] Le quoi ?

  1. Ping: Le Centre existe ! « J'ai rarement tort …

  2. Etre centriste, c’est à dire libéral et démocrate, c’est aussi croire en l’Homme plus qu’en l’Etat, non ?

  3. FrédéricLN says:

    Bonjour, merci à Alexandre de vous donner la parole et à l’Hérétique de me conduire sur ce blog, donc chez vous !

    Evidemment nous n’allons pas être d’accord. Pour le dire vite, je me reconnais à 99,9% dans tout ce qu’écrit Obama (surtout avant d’être Président bien sûr, parce qu’à la Maison Blanche on n’écrit pas, on gouverne), et cela me semble tellement différent aussi bien de (ce qui me semble être) le baratin creux, illusionniste et irresponsable de l’UMP et de ses affidés, que de (ce qui me semble être) le baratin creux, illusionniste et irresponsable de la majorité du PS, du Front de Gauche et des Verts,… que je me sens bel et bien « au centre » en France !

    Petit point de détail sur « l’UDF qui comptait dans ses rangs des gens comme Madelin, de Villiers, et autre sympathisants de l’alliance avec le FN, gens que l’on met de nos jours dans la catégorie « limite extrême droite ». » -> C’est vrai, à ceci près que, quand ces crypto-sympathisants de l’extrême-droite sont passés à l’acte aux régionales de 1998 (en soutenant les Présidents de région élus grâce au soutien des conseillers régionaux FN), cela a permis à la direction de l’UDF – François Bayrou pour ne pas le nommer – de leur montrer très fermement le chemin de la sortie, qu’ils ont pris en bloc (pour se retrouver dans « Démocratie libérale »). L’UDF devient donc, de 1998 à 2002, un parti du centre, dans une opposition – très modérée – au gouvernement de gauche, mais sans rompre son alliance de 1974-76 avec la droite « gaulliste ». C’est progressivement que la rupture se fera de 2002 à 2007, et au prix du départ de la grande majorité des élus.

    Enfin, si le Centre (démocrate) a un fond idéologique très ancien, très constant et très spécifique, ce qui le rend difficile à identifier en France, c’est qu’il s’agit d’une idéologie *non clivante*. Ce qui est très difficile à comprendre pour la gauche française, qui confond (parfois, et amha) « avoir des idées » et « faire preuve d’esprit de contradiction ». L’idéologie démocrate est par essence celle du respect, de la pluralité, du débat, de la coopération, de la responsabilité…

    On a coutume de schématiser les oppositions politiques en France par « la droite c’est la liberté, la gauche c’est l’égalité, le centre c’est la fraternité ». Mais comment cliver avec de la fraternité ? Je ne vois pas (et je n’en vois pas la nécessité).

  4. Ping: [Malaberg] Ok, je vote blanc… « J'ai rarement tort …

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